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lundi 4 mai 2015

A quoi on joue ? Man o War

Dans la série on se replonge dans les vieux jeux de la grande époque de la marque rouge et jaune venue d'outre-Manche : Man o'War. Bien qu'étant passée sous mes yeux à l'époque, la boîte était restée une proposition nouvelle mais distante de mes préoccupations de l'époque. Près de 20 ans et une belle occasion découverte voilà quelques années (quelques mois avant que Dreadfleet ne pointe sa proue sur les rayons) me permirent de plonger dans l'univers de jeu d'affrontements maritimes made by GW. Sans surprise, après les farouches batailles qu'elles se livrent sur tous les territoires du Vieux Monde, les armées phares de la marque ont décidé de porter l'affrontement sur les sinistres mers du Vieux Monde (oui, même les nains et les skavens). Branle-bas de combat, tous à vos postes, hissez la grand-voile, actionnez les rames, sortez les canons, mettez les gaz, Man o War est là !
"Raging Sea Battles in the world of Warhammer" ou comment, très tôt, on a su utiliser la surenchère linguistique pour vendre du blister chez Games Workshop.

Comme souvent (oserai-je dire toujours ?) chez GW, chaque participant construit sa flotte sur une base de points équivalente en choisissant parmi les nombreuses factions représentées sur les mers du Vieux Monde : l'Empire et la Bretonnie pour les hommes, les fils d'Ulthuan et leurs cousins déchus de Naggaroth côté elfe, les barbus teigneux et leurs frères corrompus pour les nains,  àquoi viennent s'ajouter les orcs, les skavens, des pirates nordiques et les suppôts des quatre sinistres puissances de la ruines : Khorne, Nurgle, Tzeentch et Slaanesh. Plus tard, les caractéristiques d'une flotte mort-vivante vit même le jour. Evidemment, le choix de chaque faction amène des options fort différentes, plus ou moins orientées vers des spécialités diverses. Les listes sont grosso modo assez similaires tout de même : derrière un naviral amiral (le fameux Man o' War) chacun a généralement un choix de navires intermédiaires puis de plus petits vaisseaux (les vaisseaux de ligne).
Les vaisseaux disponibles dans la boîte de base, juste de quoi monter deux flottes similaires : l'une aux couleurs des pirates, l'autre de l'Empire (ici sur une nappe du jeu Dreadfleet, c'est toujours plus sympa que la bête toile cirée)
Deux extensions verront le jour, Sea of Blood et Chaos Fleet, qui ajouteront la présence de monstres marins et de flottes chaotiques ainsi que d'unités volantes, nettement moins limitées dans leur mouvement que les navires dépendant soit du sens du vent, soit de rames, soit d'autres artifices (roues à aubes par exemple pour les orques). Sans révolutionner le jeu, chaque extension le complète habilement, mais aurait presque mérité de figurer dans le jeu de base tant certains ajouts sont presque indispensables.
Un exemple d'unités volantes : les wyvernes orques, honteusement non peintes par mon adversaire ;)
Assez classiquement, le tour de jeu se découpe en phase d'initiative (pour déterminer le premier joueur et l'éventuel changement de vent -en cas d'égalité de tirage entre les joueurs-) de magie, de mouvement et de combat, puis de fin de tour. La particularité étant que chacun des amiraux joue alternativement selon son tour d'initiative. Pas question ici de jouer toutes les actions d'une flotte puis de laisser la main au voisin, le choix d'activer tel ou tel unité prend toute son importance selon les circonstances. Reste que comme souvent chez les GW, tout se joue avec un bon vieux D6 et que la meilleure stratégie du monde se retrouve parfois en butte à une chance capricieuse. Un constat malheureusement assez général dans les jeux de la firme anglaise. Si à l'époque, ça passait plutôt bien, la multiplication d'acteurs dans le secteur de la figurines et de systèmes de jeux riches et profonds tendent à pousser les systèmes GW vers le placard. La firme gagnerait sans doute à proposer un système plus exigeant mais s'obstine à s'y refuser. Ceci dit, si la firme de Lenton possédait une réputation d'exigence ludique, ça se saurait.

Deux escadres impériales font mouvement vers les sinistres navires orcs (ni peints, ni montés ! ;) ). Au premier plan, des navires 'officiels', au second plan, des navires de la gamme Uncharted Seas de Spartan.
A l'époque, ce n'était pas si primordial, les propositions étaient rares et avec ses boîtes de jeu, GW visait une diversification gentillette, à même d'amener les brebis consommatrices vers un achat toujours plus fréquent de figurines de la marque. Beaucoup d'eau du Reik est depuis passée sous les ponts d'Altdorf, mais qu'importe, ressortir une vieille boîte comme Man'o War sur la table, c'est la garantie d'un accès de nostalgie aigüe et d'une soirée d'amusement où toute esprit calculatoire et optimisateur n'a pas sa place. C'est le (bon) revers de la médaille : rétrospectivement, de telles aventures ludiques donnent d'avantage envie de se raconter des histoires que de peaufiner des listes d'armées. Et c'est tant mieux, tant une telle ambiance procure un plaisir communicatif.
Peint par des mains talentueuses, une flotte peut même s'avérer très jolie !
Autre vieillerie, le jeu fourmille de compteurs : des pions équipages en pagaille, des pions pour indiquer les dégâts (et leur nature), des pions pour la magie, etc. Prévoyez une grande table ou un espace à part pour poser vos cartes de navires et vos marqueurs divers, vous risquez d'en avoir besoin. Le hobbyiste inventif, lui, aura tôt fait de remplacer les jetons cartonnés à l'ancienne par un emballage plastique et un feutre effaçable, histoire de gagner en rapidité et en souplesse au moment de jouer. Pour le reste, le système permet de simuler tout ce que l'on imagine quand il est question de bataille navale : du tir de canon aux manoeuvres les plus audacieuses (selon les possibilités offertes par chaque navire) et jusqu'aux éperonnages et autres abordages. Ajoutez à cela une magie capricieuse et vous voilà devant un bon jeu rétro, touffu juste ce qu'il faut dans ces options et vieillot dans ses mécaniques mais toujours enthousiasmant dans les histoires qu'il propose de raconter.
Deux exemples de proxies : à gauche du Spartan Games à droite, des figs de chez Ral Partha Europe (les premières sont un peu grandes, les seconde,s un peu petites, mais sur la table, ça fonctionne très bien)
Le hic, le seuil vrai bémol - mais il est de taille -, c'est que Man'o War est un jeu épuisé depuis belle lurette et que le marché de l'occasion permet de voir fleurir des tarifs presque indécents lorsqu'il s'agit de se constituer une flotte (entre 20 et 30 € l'escadre, dans un état plus ou moins bon). Les plus exigeants devront donc s'armer de patience, faire jouer leur réseau de connaissances ou se tourner vers les proxies. Les gammes maritimes et fantastiques sont relativement rares mais Uncharted Seas (jeu plus suivi mais toujours édité par Spartan Games) peu faire l'affaire pourvu qu'on tape dans les navires les plus petits. L'autre jeu maritiome de chez Games Workshop, j'ai nommé Dreadfleet, n'est pour sa part pas du tout à la même échelle. Seuls quelques décors peuvent éventuellement être intégrés, quant à la nappe disponible dans la boîte de Dreadfleet, elle est idéale, comme dit plus haut.

"Toutes voiles dehors ! Dézinguez-moi ces peaux-vertes !" Rongés par la honte de être pas peints, les orcs belliqueux finiront coulés par le fond.
Ne manquez pas d'aller faire un tour sur ce site qui détaille encore davantage le jeu. Par ailleurs, les ressources en ligne ne manquent pas (règles, fiches, gabarits de vaisseaux et pions divers)

2 commentaires:

  1. Aaahh... Un article remarquablement bien écrit et plein de nostalgie d'un temps pour toujours révolu...

    GW avait pourtant (et même actuellement) tout pour plaire... Mais l'attrait compulsif du pognon tire vraiment tout vers le bas...

    Dommage... Mais comme la concurrence permet beaucoup de pallier l'incurie de GW, ça ira sans problème ^^

    Serviteur,

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    1. Je dois dire que lopin de la course à la consommation vers laquelle pousse aujourd'hui GW, il y a dans leur histoire des espaces de jeux qui restent bien sympathiques. Plutôt que de gloser sur l'actualité d'une marque que je ne suis que de loin, j'aime plutôt me plonger dans les trésors de son histoire passée. Si on met de côté l'esprit de spéculation qui entoure souvent ces trésors d'un autre âge, le plaisir ludique procuré par ces boîtes 'à l'ancienne' reste intact. Et j'aime à m'y replonger de temps à autre. Ca permet aussi d'éviter la folie dépensière vers laquelle les sorties contemporaines de nombreux jeux poussent parfois. ;)

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