Pages

mardi 20 juin 2017

(Re)forger une légende : Space Marines 2017

Si Hollywood tourne en boucle depuis une quinzaine d'années, recyclant jusqu'à l'usure des hits passés jusqu'à finir par en épuiser tout intérêt, c'est pour une seule raison : les succès commerciaux qu'ils ont généré font rêver les producteurs qui sont prêts à financer, des remakes, reboots, prequels ou suites pour titrer le maximum d'une bonne idée ou d'un bon film qui date de 20 ou 30 ans. Comme un jeu à succès pour lequel on produit des extensions dont la popularité finit inexorablement par lasser (oui, Zombicide, c'est toi que je regarde avec des succédanés en forme de machine peu inspirées destinées avant tout à faire de l'argent). A l'heure où le jeu de bataille dans le 40ème millénaire fête son trentième anniversaire, Games Workshop semble prendre un chemin similaire, réinventant son plus gros succès : le space marine (pas (c) ni TM pour le coup).
L'image de couverture de Rogue Trader, par John Sibbick, déjà les space marines y ont la place d'honneur

Discret lors de sa première apparition, le space marine reste en effet l'image la plus évocatrice du lointain futur irrémédiablement guerrier. Ni les prêtres de Mars, ni les aliens exotiques, ni les suppôts du chaos ne définissent aussi bien cet univers de space-opéra sombre et brutal que les super soldats modifiés génétiquement pour défendre l'empire galactique de l'humanité face aux innombrables dangers qui le menace. Déjà Rogue Trader, la première incarnation de ce qui deviendra Warhammer 40000, affichait les fiers guerriers sous une couverture qui fera date signée John Sibbick.
Le space marine originel, première sculpture de l'emblématique guerrier, par Bob Naismith. 1985

La version anniversaire ressortie il y a quelques mois (en édition limitée) par Games Workshop.
Bien que davantage tournée vers l'interprétation d'escarmouches entre bandes et personnages dans le cadre d'une histoire (se rapprochant plus en cela du jeu de rôle que du jeu de combat avec figurines), cette version des règles installe déjà bien le proto super guerrier qu'est le space marine au coeur de la galaxie et de ses déboires. Un sillon que le jeu ne cessera de croiser faisant de ces surhommes la marque de fabrique de l'univers maison. Après quelques versions métalliques, les space marines sortiront sous la forme de grappes plastiques. C'est la boîte RTB01 et les sculptures de Jes Goodwin, le début des kits modulables dont la boîte anglaise est devenue spécialiste, affinant au fil du temps un savoir-faire certain.
La première boîte, avec l'image emblématique de Sibbick.

Le premier kit de space marines en plastique, la fameuse boîte RTB01

Avec toutes les options de l'époque, on peut remarquer que le découpage n'a pas beaucoup changé.? Des bras, des jambes, des têtes, des options d'équipement et d'armement, tout est déjà là.
Marneus Calgar, par Dave Gallagher. Pas pratique de s'asseoir avec une telle armure, hein ? :)

Dès l'origine, la silhouette se veut clairement identifiable : un casque intégral aux optiques étirées, des épaulières arrondies et volumineuses, un backpack et une version futuriste du famas, le bolter. Si au fil des éditions et de la nécessité de différencier les chapitres des variantes sont apparues, ces marqueurs sont restés communs à tous les space marines.
Variante Blood Angels de l'escouade tactique de base

Déclinaison pour les Iron Hands et leur matériel cybertechnologique

Les sauvages Space Wolves
Et les mystérieux Dark Angels (issus de la précédente boîte de démarrage, Dark Vengeance)
Pour plaire aux hobbyistes et fourguer du kit à l'envi, GW a bien entendu décliné le tout sous de multiples formes. Outre les adaptations liées à l'apparence de chaque chapitre (avec ou sans robe, avec ou sans casque... et avec moult options d'épaulières ornées de nombreux symboles, l'armure, de générique a ensuite connu plusieurs évolutions, déployant dans une unité visuelle indéniable des variations plus ou moins subtiles (les casques sont les différences les plus flagrantes mais les plastrons, épaulières et genouillères ont également varié).
Des armures Mark III de l'époque de l'Hérésie d'Horus. La gamme Forgeworld regorge de variantes d'équipement et de finition des armures, depuis le space marine de base jusqu'au chassis des Dreadnought et aux Terminators.

L'armure des Chevaliers Gris, déclinaison subtile de l'armure classique

S'il faut reconnaître aux designers de chez Games un réel talent pour proposer des figurines soignées et modulables (qu'on aime la direction artistique des univers maison), il faut aussi dire que certains choix de design ne sont pas des plus heureux. A force de triturer les caractéristiques classiques du soldat de l'espace maison, on a ainsi fini par atteindre des sommets de bêtise.
De plus grosses armures ? Pas de problème, voici les boîtes de conserve du lointain futur. Un gros raté de design qui ne trouve pas sa place entre les Terminators et les Dreadnoughts, même si GW a probablement trouvé moyen de les rendre indispensables dans les règles.
Trois décennies ont passé sur des centaines de milliers de super guerriers de l'impérium de l'humanité et parce que c'est dans l'ère du temps, le space marine 2017 a connu beaucoup de changements. Réclamée depuis longtemps par les joueurs et les modélistes, les guerriers ont subi une évolution de taille, pour être enfin plus en phase avec la réalité (les super guerriers génétiquement conçus mesurent plus de 2,5m une fois leur armure enfilée) et s'avérer plus imposant sur les champs de bataille du lointain futur. Le passage à des socles de 32mm contribuait à donner à la version classique une présence plus grande sur le champs de bataille, le gain de taille de la version primaris, s'il reste en partie compatible avec les accessoires 'classiques' place ces marines nouvelle version à la hauteur des Stormcast nés à l'occasion de l'arrivée d'Age of Sigmar en 2015.

Nouvelle armure, nouvelle arme, nouveau matériel génétique... l'Empereur de l'humanité ayant mal bossé, un tâcheron de l'Adeptus Mechanicus avec une technologie supposée de plus en plus déficiente a fait mieux, en secret et en nombre. On est d'accord, le background de ces nouveaux combattants est à pleurer d'ineptie et de bêtise.
Les marqueurs forts du space marine classique sont toujours là, à commencer par le backpack, qui n'a que très peu changé. Le bolter est par contre une catastrophe.
La figurine du champion de l'empereur, un des rares space marines à avoir un abdomen digne de ce nom. Les Primaris en arborent également enfin un vrai, gagnant en mobilité et en stature, le reste du design des nouveaux combattants restant à peu près à l'échelle des versions classiques (au moins les récentes comme les sorties de la Deathwatch de l'été 2016).
Longtemps coincés dans des armures peu pratiques et manquant de réalisme (notamment au niveau des articulations, des jointures et des proportions, les nouveaux soldats gagnent, dans leur version primaris un rendu plus 'propre'. Les genouillères sont plus pratiques, offrant des axes de mouvement plus normaux et les espaces entre les plaques d'armures apparaissent ouverts et couverts de façon plus normale, offrant aux plaques la possibilité de se mouvoir sans blocage prématuré et leurs jambes semblent enfin fixées de façon plus cohérente à leur bassin quand jadis, on se contentait d'un format très robotique et peu réaliste (ce qui faisait depuis des années que les marines marchaient presque les jambes ouvertes comme des cow-boys, marchaient en canard ou donnaient l'impression de chier dans leur armure)... Il reste des bugs (pas de visibilité sur certains designs d'armure), un bolter nouvelle version raté (inutilement rallongé avec une poignée ridiculement petite, sans parler de la lunette de visée qui ne doit montrer que la mire au bout du canon vue sa position basse sur l'arme, il rompt avec l'objet imposant et massif du passé pour devenir un simple fusil d'assaut du futur) mais cette version 2017 renouvelle plutôt efficacement un classique.
Il faut espérer que ces troupes d'assaut ont de bons auspex parce qu'ils ne verront jamais venir les attaques de derrière...

"Un vrai abdomen pour une mobilité renouvelé", slogan abandonné pour la promotion des primaris. Tout comme "une armure avec une visibilité sans égale", parce que sans radar de recul ni rétroviseur, ce capitaine combat avec des oeillères...
En soi, ce changement de taille est donc plutôt sensé et bienvenu, sauf que loin d'avouer l'abandon du space marine 'classique' face aux primaris nouvellement venus, GW met en avant une compatibilité entre les unités. Dans 6 mois une toute nouvelle gamme de Space Marines sera probablement disponible, remplaçant dans les faits les anciennes références qui deviendront désuettes. C'est peut-être le plus regrettable dans cette démarche de modernisation d'un classique.

4 commentaires:

  1. Belle synthèse, je suis pas sur la même longueur d'onde pour le nouveau Bolter qui me rappelle justement l'ancien mais sans le chargeur au niveau du canon, sinon je suis entièrement d'accord, encore un bel effort dans cet article.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je reviendrai sur le bolter plus tard mais il y a en effet une parenté avec des versions antérieures, mais je trouve que justement ce n'était pas des versions marquantes de la célèbre arme :) Merci de ta lecture attentive (et bravo pour ta moto jet que j'ai vu sans pour autant commenter, je la trouve parfaitement dans le ton)

      Supprimer
  2. Réponses
    1. Merci, je ne suis pas joueur de 40k (à part dans ses déclinaisons 'escarmouchesques') mais le space marine reste un marqueur fort de l'histoire de GW et de son image.

      Supprimer

Un petit mot ? Une réaction ? Ca se passe ici :)