Le monde ludique est petit (de 28mm à 6mm en général en ce qui nous concerne), mais il est également très fourni et très divers. Les goûts des uns et des autres étant différents, il s'avèrent parfois difficile d'être au courant de la diversité des propositions ludiques concernant nos chers petits bonhommes. Heureusement, à l'heure où la frontière se brouille volontiers entre les affrontements entre figurines et certains jeux de plateaux (vaste débat pour un autre jour), l'interweb, ses multiples recoins et ses nombreux hérauts et héros permet aujourd'hui au joueur curieux de se tenir informé sur les multiples propositions de son activité préférée. Pourquoi ce long préambule ? Parce qu'aujourd'hui, pas question d'évoquer un quelconque projet ludique personnel (oui, je rentre de vacances ;) ) mais bien de mettre en lumière deux initiatives louables.
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Non, je ne vous parlerai pas (beaucoup) de Ravage Respawn, la Renaissance du Retour de la Revanche... |
Bon ok, Ravage n'en finit pas de renaître. Avec un format désormais calé sur le trimestriel et une direction qui semble plus homogène, le "Magazine des Jeux de Figurines Fantastiques" n'en finit pas de se chercher une place, bousculé par internet et sa rapidité et la recherche d'une nécessaire rentabilité quelque peu perdue. Dans le sillage de quelques grosses machines, le mag continue de faire la part belle aux grosses machines sur des articles longuets (6 pages pour Warhammer et 4 sur Wh40k, 4 sur X-Wing, 4 sur Zombicide, etc...) tout en laissant relativement peu de place à la diversité des propositions contemporaines. Mais ce qui gêne le plus, c'est le manque d'unité rédactionnelle de l'ensemble. Si ailleurs ce n'est pas gênant (on y reviendra), dans un magazine vendu près de 10€, ça devient problématique. D'un rédacteur à l'autre, le ton, l'approche et les critères d'approche des jeux évoqués sont différents et donnent plutôt l'impression d'un fourre-tout que d'un vrai magazine de qualité et, osons-le, professionnel. Pour autant, certains papiers sont vraiment intéressants. Notons que les sujets consacrés au modélisme s'y avèrent de plus en plus restreints et c'est bien dommage, c'est là, selon moi, que Ravage a notamment une différence à faire (et pas forcément en faisant une rétrospective de plusieurs pages de ses numéros passés et des soubresauts de son parcours éditorial).
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Le challenger inavoué : le bon vieux Blogurizine des familles et son changement de look réussi |
A contrario, le célèbre
Blogurizine, chapeauté depuis ses débuts par
Arsenus, vient lui aussi de connaître une nouvelle parution avec une maquette remaniée et un nouveau rédac' chef, rien moins que le sieur Grégoire Boisbelaud lui-même. Ici, loin de la nécessité atavique de suivre les nouveautés des nombreux éditeurs qui occupent la niche du jeu de figurines, on propose plutôt une balade parmi quelques jeux qui ont su trouver les faveurs d'une équipe de rédacteurs aussi éclectiques que bonhommes, aussi passionnés que sympathiques. Car outre une passion que chacun brûle de communiquer à son lecteur, le Blogurizine n'a rien à vendre et c'est sans doute là sa plus grande force. Comme l'annonce une couverture soignée (et une pin-up inattendue !), c'est le steampunk qui a cette fois les faveurs d'un dossier solide qu'ouvre une parcours retraçant les origines du genre et que complète (notamment) un joli regard sur
In Her Majesty's Name et ses suppléments (voilà qui fera plaisir au
gardien d'un certain temple bien connu).
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La légende de Dead Man' Hand (enfin, la légende de la photo d'une bande de Dead Man's Hand) :) |
Les projecteurs s'y braquent également sur
MYTH, la règle Skirmish Sagin ou
Dead Man's Hand et surtout, on y donne la parole (sans se poser la question de la place) à différents acteurs du milieu via des échanges aussi informatifs que passionnants (les 'anciens' du
forum Battle-Group ou l'équipe du
Studio Tomahawk ainsi que le regard d'un Press Ganger - les relais locaux de
Privateer Press/
Victoria Game pour défendre les jeux Warmachine et Hordes). Clairement, l'élève a dépassé le maître. Là où Ravage se contente (sur le même sujet Warmachine/Hordes), d'un regard anecdotique sur la compétition organisée, le Blogurizine préfère intelligemment jouer la carte d'une double approche entre les fans de la première heure et les défenseurs actuels du système. Que tout cela soit à mettre sur le compte de la nouvelle rédaction en chef ou le fruit d'une évolution globale de l'équipe reste finalement anecdotique, l'essentiel étant que le zine y gagne une légitimité et une richesses nouvelles (enrichies par une maquette plus chiadée que celles des versions précédentes), des articles réussi sur le hobby, des suppléments et scénarios pour plusieurs jeux tout en allant jusqu'à proposer un jeu complet, j'ai nommé le jeu d'escarmouche
Au Nom de l'Empereur de Craig Cartmell (traduit par Romain Liard) et qui permet de jouer au petit format avec une règle simple mais profonde dans un lointain futur hanté par la guerre. Que les écrits y souffrent de la diversité de format, de ton, de construction et d'homogénéité reprochée plus haut à son confrère payant n'est finalement qu'une goutte d'eau dans l'océan des réussites cumulées de ce numéro.
Carton plein donc pour ce numéro 20 qui, en gagnant en qualité en diversité, devient un référent important de notre petit monde. Et bravo à l'équipe !
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Une GàG, pas un gag. Les compères Mat et Run jouent à Warmachordes. |
Déjà cité comme exemple de sérieux, de qualité et de savoir-faire,
la Guerre au Garage, après 6 rapports de bataille filmé opposant des armées du Vieux Monde, vient de se voir gratifier d'
un nouvel épisode consacré aux jeux de
Privateer Press/
Victoria Game. Lassés par les bouleversements subis par leur univers de jeu favori et le système vieillissant de la firme anglaise, les deux complices ont sauté sur la vague Warmachordes, conquis par le système favorisant les combos et un ordre d'activation réfléchi. En résulte une vidéo conçue comme une porte d'entrée au système, mettant en lumière les mécanismes de base propre aux deux jeux et les particularités de chaque règle(les différences sont minimes et tiennent à la gestion du focus des casters de Warmachine et de la furie des warlocks de Hordes, les deux systèmes étant parfaitement compatibles et les affrontements entre jacks et beasts, encouragés). Les épisodes précédents manquaient de simplicité, perdant un peu les néophytes dans un jargon parfois obscur, ce dernier opus prouve que les deux amis savent faire de leur outil une vraie belle porte d'entrée. On se prend à rêver d'une telle démarche, ouverte à d'autres univers ludiques, d'Alkemy à Eden pourquoi pas... Mais l'envie du duo n'est sans doute pas celle d'une pédagogie tous azimuts, présidée qu'elle est par des envies ludiques évolutives, celles-là mêmes qui conditionnent la bonne humeur contagieuse que leur travail soigné et irréprochable véhicule. Encore une fois, un travail d'exception qu'il convient de saluer.
Très bon article, bravo!
RépondreSupprimerJe partage le point de vue (ce qui ne gâche rien) et je redécouvre avec plaisir que la gag n’est pas morte, merci!