En 2009, dans l'ombre de Games Workshop, naissait outre Manche
Mantic Games, une petite entreprise avec de grandes ambitions et une maxime comme on en fait presque plus
"De grandes armées, de grandes batailles, des supers prix". Rapidement, des boîtes de figurines au format ressemblant à celui des coffrets vidéos de jadis font leurs apparitions un peu partout proposant aux wargamers toute une série de troupes génériques représentatives des grands peuples du médiéval fantastique. Le tout n'est ni criant d'originalité, ni très qualitatif en terme de sculpture mais pour poser des masses de pitoux sur une table, le rapport qualité prix est imbattable. Sans connaître un succès fulgurant, la marque fait son trou en inondant le marché de boîtes très peu chères pour son jeu maison dont à l'époque quasiment personne ne parle :
Kings of War (écrit pourtant par
Alessio Cavatore, un ancien de Games Workshop) et qui sort annoncé en septembre 2010. Des boîtes d'armées sortent rapidement constituant aussi (et c'est l'idée) des proxies de choix pour le jeu de chez Smith en face, j'ai nommé Warhammer Battle.
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Mantica, ton univers impitoyablement aseptisé... Rien de folichon a priori |
Il faut dire que l'univers maison n'a pas grand chose de très attirant : il est hyper générique et se nomme simplement Mantica. On s'y étripe joyeusement depuis les nains dans leurs cavernes jusqu'aux elfes et leur magie en passant par les orques, les morts-vivants et tout le reste de la cohorte médiévale-fantastique : le bonheur du wargamer fauché. Reste que le tout souffre d'un défaut : les figurines sont fournies avec des socles ronds intégrés qu'il faut ajuster dans des socles carrés pour obtenir quelque chose de jouable, le tout avec des sculptures de qualités variables (du grossier au mal proportionné) et une modularité toute relative : à peine peut-on intervertir quelques armes... Cependant, la jeune société sort des figurines moins exagérées dans leurs proportions que les armées de Games Workshop, l'esthétique globale s'en ressent donc, tout en ne s'avérant pas déplaisante sur les sculptures les plus réussies. La gamme grandit donc doucement.
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Milicien impérial de chez Games Workshop à gauche, elfe Mantic au centre (gracile et maigrelet donc) et elfe de l'ultime alliance du Seigneur des Anneaux de chez Games Workshop. Les différences sont flagrantes (et permettent au passage de réhabiliter les figurines de la gamme du SdA, généralement réussies) |
Loin de s'arrêter à la production de gammes alternatives pour des jeux plus connus tout en développant des jeux maison relativement confidentiels (Kings of War pour le fantastique puis Warpath pour le futuriste), Mantic, à l'instar du GW des premières années, va miser sur d'autres vecteurs : les boites de jeux. Le temps que les armées pour le lointain futur et les univers fantastiques soient sorties en nombre suffisant pour attirer l'oeil des joueurs du monde entier (mais surtout anglo-saxons au départ), c'est en 2011 et 2012 que sortent deux boîtes de jeux conçues avec la complicité du game designer Jake Thornton.
Dwarf King's Hold et
Project Pandora : Grim Cargo entendent clairement capitaliser sur le retour du dungeon crawling sur les tables (pour le premier) et l'émulation d'un pseudo Space Hulk pour le second. Les figurines ne sont pas moches mais les tuiles cartonnées sont fines et parfois brouillonnes.
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Project Pandora : entre Aliens et Space Hulk, du moins sur le papier. |
Côté règles, c'est efficace et pas trop touffu : une porte d'entrée idéale. Des ordres simples, des tours suffisamment clairs, le vrai défaut des deux petites boîtes (Dwarf King's Hold connaîtra deux extensions tout de même), c'est leur moindre qualité. Sans être honteuses les figurines sont passables mais les tuiles, pions ou dés sont d'une piètre qualité, en rapport toutefois avec le faible prix des boîtes. Dans les années 80-90 les joueurs ne disposaient pas forcément d'un matériel plus luxueux (voir les tuiles de la première version de Space Hulk par exemple) mais avec le temps, le gamer est devenu exigeant. D'autant que, pas bête, Mantic a aussi sorti des
Veer-Myns : des homme- rats de l'espace, envahissant le vide laissé par GW dans la tête des fans. Sans être des cartons, les jeux se font leur place et positionnent un peu plus Mantic sur le créneau de la petite boîte qui monte, à l'écoute des envies des joueurs et à l'affût des bonnes idées pour percer.
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Les zombies Mantic, une boîte sortie en 2010 qui se fera vite une place sur les tables de joueurs du monde entier. (Peinture Andrew Wedmore) |
2012 est aussi un moment charnière pour Mantic qui, après avoir sorti Project Pandora pour le Salute (grand salon de la figurine anglais) fin avril, fait ses débuts sur Kickstarter en mai de la même année autour de Kings of War. L'idée est alors de profiter de la plate-forme de financement participatif pour donner un coup de fouet aux sorties de Kings of War grâce à l'argent collectés auprès des internautes. 354 000$ plus tard, le jeu s'est fait un petit nom et Mantic a de l'argent frais dans les caisses pour développer ses figurines qui lentement s'améliorent, s'affinent et deviennent plus aisées à travailler. Mais surtout, la firme anglaise a perçu l'intérêt pour elle de l'outil Kickstarter : à la fois espace de publicité, solution de précommande et interface d'échange avec les acheteurs/joueurs.
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Entre Rollerball et Skateball, Dreadball joue en partie sur la fibre des amateurs de football fantastique à la Blood Bowl, mais avec des mécaniques bien huilées et efficaces. |
Capitalisant sur le succès de cette première campagne et occupant du même coup un espace que Games Workshop refuse obstinément d'arpenter un nouveau, en août de la même année, c'est Dreadball, jeu de balle futuriste (toujours imaginé par Jake Thornton), qui a les honneurs d'une campagne qui génère près de 729 000$ de recettes et fait pas mal de bruits dans l'interweb ludique. Blood Bowl étant en déshérence (malgré l'anniversaire du jeu, la vaste communauté qui continue d'y jouer et le succès des multiples campagnes lancées par des éditeurs tiers pour produire de nombreuses équipes), la curiosité titille nombre de joueurs. Porté par un système efficace et dynamique, le jeu est plutôt une réussite, même si une fois encore les premières figurines (ça s'améliorera avec le temps) sont loin d'être magnifiques. Néanmoins Mantic s'est fait une belle place dans la tête des joueurs.
Outre
Loka, un jeu d'Alessio Cavatore auquel Mantic file un coup de main, c'est surtout
Deadzone qui va enfoncer le clou pour la firme anglaise. Là encore, il s'agit autant de toucher la corde sensible des joueurs qui ont pu connaitre
Necromunda que de proposer un jeu nouveau au système malin et appuyé cette fois sur une gamme de figurines (et de décors) un peu plus qualitative. Carton plein pour le jeu qui génèrera au printemps 2013 pas moins de 1 216 000$ de soutiens. Là encore les races proposées ne sont guère surprenantes (tout en puisant dans le vaste réservoir de la SF) mais Mantic et Thornton (toujours lui) jouent bien leur coup en proposant un produit réellement solide dans une grosse boîte bien remplie presque à la hauteur de la concurrence. La gamme
Warpath (un lointain future ravagé par la guerre, ça vous dit quelque chose ?) profite indirectement des idées et concepts injectés dans Deadzone, bouclant joliment la boucle pour la société de Ronnie Renton... Avant de tourner en rond ?
C'ets vrai que Mantic a su exploiter les vides laissés par GW et avec la sortie de AoS, ils ont un boulevard devant eux s'ils savent récupérer çà.
RépondreSupprimerJ'avoue n'avoir joué à aucun de leurs jeux et n'avoir que très peu de leur figurines mais je trouve sain que plusieurs approches soient proposées avec des produits "entrée de gamme" comme KoW et les gigs associées, figurines cheap qu'on peut peindre à l'enculée et des produits plus exigeants comme GW ou même FW.
Je développerai en effet dans la seconde partie, mais de petit éditeur inattendu, Mantic a su se frayer un chemin jusqu'à représenter une alternative potentielle à GW dans certains domaines abandonnés par les jaunes et rouges. C'est à mettre à leur crédit d'autant que si les figurines laissent encore parfois à désirer les jeux sont plutôt intéressants
SupprimerA une certaine époque, il est clair que les figs de Mantic étaient tout sauf crédibles quand à fournir des alternatives intéressantes pour fournir des effectifs valables aux jeux de GW... Et puis avec le temps, les choses se sont précisées, les progrès ont été plus que notables et même si certaines choses sont encore et toujours perfectibles, je pense que Mantic est passé du rang de "simple amuseur public" à "rival dangereux" dans le monde de la fig et surtout pour GW...
RépondreSupprimerDernièrement, avec les bêtises de GW qui a abandonné WH Battle, Mantic est devenu "l'assassin en puissance" pour les jeux de figs de masse. Oh bien sûr il est très loin d'avoir les moyens techniques et financiers de GW (pour le moment) mais nul besoin d'être le plus riche ou d'avoir la plus grosse bagnole pour faire du bon boulot et où les clients se pressent...
J'ai une boite de leurs Goules/Zombies et je suis plus que satisfait !! ^^
Serviteur,
J'y reviendrai dans la suite de l'article mais Mantic a clairement bien joué son coup pour se positionner sur le marché de la figurine. Il reste des marges de progression mais ils ont une place à prendre et les progrès sont notables depuis leurs débuts.
RépondreSupprimerJe souhaite juste rajouter que Kings Of War est vraiment un très bon jeu
RépondreSupprimerNon pas par l'univers, mais par le gameplay cf http://carnet-roliste-blog-jeux-de-role.fr/kings-of-war-jeu-de-bataille-fantastique/
En effet, KoW est un jeu très agréable et réussi sur le créneau du combat de masse. Il a eu de bons papas faut dire ;)
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