mardi 6 mars 2018

Choose your weapon : de la difficulté de choisir un jeu en adéquation avec son temps et son environnement

S'il est légitime pour les fabricants de figurines de tous poils de chercher à nous faire délier aussi souvent que possible les cordons de nos bourses pour remplir leurs caisses, c'est parfois autour d'un nombre restreint de petits bonhommes que l'on prend le plus de plaisir à s'affronter. Comment dès lors se décider entre un jeu - et un univers - qui incite à jouer des masses populeuses de grouillots se bagarrant pour la victoire et une proposition plus modeste et qui nécessite moins de combattants ? Réflexionnons là-dessus...
Une table bien garnie, une brochette de joueurs : ça fait toujours envie, mais comment y parvenir sans se disperser ?


L'équation du hobby - comme celle de toute passion - se résume à un savant calcul impliquant le temps disponible, le budget et l'intensité de la pratique. Il est bien évident qu'une pratique occasionnelle ou épisodique ne justifie pas un investissement financier colossal. Il est donc impératif de bien avoir en compte les constantes de cette équation avant de se lancer et de faire un choix du support ludique qui permettra à un amour du jeu de figurines de se déployer à sa juste mesure et ce, afin d'éviter deux ennemis du figuriniste et du joueur : l'accumulation inutile et la frustration grandissante.
Quand l'accumulation prend de telles proportions, un tri s'impose, non ?
Pris dans la folie marketing, le bruissant buzz qui monte autour d'un jeu et d'alléchantes images de figurines soigneusement conçues et peintes plus soigneusement encore, le joueur hameçonné par un dispositif publicitaire redoutable a souvent tendance à se jeter sur à peu près tout ce qu'il peut y avoir de disponible pour le jeu sur lequel il a jeté son dévolu. Collectionnant quasi maladivement l'intégralité d'une faction (ou de toutes) avant d'avoir même eu l'occasion de les mettre en couleurs ou de les jouer, il arrive que l'on finisse par avoir des cartons pleins, peu de figurines montées et quasiment pas de parties au compteur.
De vieilles armées même pas totalement peintes ! Sacrilège !
Avant que de céder aux sirènes mercantiles, il convient donc de commencer par regarder autour de soi, et notamment en direction des potentiels compagnons de jeu. Si l'envie est collective et que l'on est entouré de camarades aussi motivés que soi et disponibles pour se lancer dans l'aventure d'un nouveau jeu, alors, rien (ou presque, mais on y reviendra) ne vous retient. Partagez-vous une boîte de démarrage (c'est souvent l'option la moins coûteuse) et si nécessaire, prenez une poignées d'heures pour fabriquer quelques décors liés à la thématique du jeu, vous voilà prêts pour de longues heures de jeu.
Ne pas se perdre dans la jungle des possibilités...
Si, en revanche, vous êtes l'un des seuls (ou pire : le seul !) moteur poussant à la pratique d'un nouveau jeu, mieux vaut dans ce cas prendre le temps de la réflexion et ne pas ouvrir grand votre portefeuille pour rien. Dans la mesure du possible, laissez passer la hype entourant l'arrivée d'un nouveau jeu. La nouveauté suscite toujours beaucoup de curiosité et le monde moderne étant ce qu'il est, il se trouve généralement beaucoup de joueurs pour proposer rapidement des retours (plus ou moins approfondis, usez de votre discernement pour trouver les plus pertinents) argumentés sur les qualités du jeu... et ses défauts. Si ces retours sont positifs et attisent encore davantage votre envie, alors vous pourrez revenir vers vos compagnons de jeu pour tenter de les convaincre, ou entrer en contact avec un joueur nouveau avec qui vous pourrez démarrer collectivement ce nouveau projet.
Rester concentré, éviter de se disperser... et éradiquer ces maudits skavens ! L'escarmouche, ne peu de figs, offre beaucoup de possibilités ludiques.
Le deuxième effet kiss cool d'une patience bien appliquée, c'est que les éditeurs de jeu auront eu le temps de travailler leur produit d'appel. Si certaines firmes disposent de moyens suffisants pour leur permettre de sortir d'emblée une boîte de démarrage intéressante autour de deux factions, ce n'est pas toujours le cas des plus petites boutiques. Si au bout de quelques mois, le soufflé retombe, que les références disparaissent des rayons des magasins où finissent bradées au moment des soldes, il convient peut-être de réviser un premier choix dans l'optique - une fois encore - de trouver uen communauté de joueurs suffisante pour finir par pousser un jour sur la table les figurines que l'on aura passé tant de temps à choisir monter et peindre (si en revanche, vous n'avez rien contre le fait de jouer à des jeux morts-nés ou confidentiels et que vous avez des camarades sur la même longueur d'onde la même patience peut vous permettre de faire de vraies bonnes affaires).
Des armées en pagaille pour se faire plaisir sur une grosse bataille
Outre la solidité d'un jeu (à l'heure des financements participatifs, il est malheureusement nombre de projets alléchants et intéressants qui ne vivent que le temps de leur campagne de financement, soit par manque de suivi de la part de leur éditeur, soit parce que la base de joueurs se fait trop restreinte et confidentielle), l'autre critère à prendre en compte, c'est son échelle. On parle là moins d'échelle de sculpture que d'échelle de jeu i.e. s'agit-il d'un jeu de combat de masse ou d'une proposition plus légère type escarmouche ? Se lancer dans un jeu de masse et acheter une centaine de figurines pour n'y jouer qu'une fois l'an reste dommage surtout quant des propositions requérant un nombre de figurines plus modeste existent. L'autre solution, c'est de réduire l'échelle pour peindre plus facilement une belle armée et pouvoir la jouer. Le goût intervient là autant que la curiosité tant les propositions et la variété des choix peuvent se montrer nombreux.
Les bonnes propositions ludiques ne se résument pas au 28mm et changer d'échelle fait parfois du bien
Le choix d'un jeu nécessitant de nombreuses figurines est donc à privilégier si on se trouve dans un environnement suffisamment fourni pour garantir une fréquence de jeu régulière... Choisir un format plus restreint en revanche possède des avantage non négligeables : d'abord avoir moins de figurines à peindre pour jouer (on ne le dira jamais assez mais jouer sans peindre est un sacrilège, nul besoin de produire des chefs d'oeuvre mais quelques simples couleurs posées sur une figurine rendent l'expérience bien plus agréable pour tout le monde), transporter donc moins de matériel pour jouer (15 figurines et quelques bouts de décor tiennent dans un bon sac à dos ou une petite mallette, quand il s'agit de déplacer 3 ou 4 fois ce nombre - souvent un minimum - la chose est moins aisée), permettre de toucher des joueurs plus facilement (la constitution et la peinture d'une bande de Frostgrave ou d'une équipe de Blood Bowl demande moins d'implication que celle d'une vaste armée, ce qui peut convaincre les réticents à l'égard de la figurine et toucher les gros joueurs pas effrayés à l'idée de glisser quelques gugusses de plus dans leurs projets du moment). Si tout le monde est sur la même longueur d'onde, existe aussi la possibilité de monter en puissance progressivement dans la découverte d'un jeu de masse en commençant par de petits affrontements avant, si l'envie et la motivation collective restent intactes, de développer de plus vastes batailles.
Blood Bowl, comme d'autres, se jouent avec maximum 16 joueurs et quelques extras non indispensables. De quoi jouer rapidement et sans trop de travail.
Là encore, si les envies personnelles sont essentielles dans le choix d'un jeu, il faut aussi prendre en compte l'environnement des joueurs potentiels, le temps dont on dispose pour se consacrer à ce nouveau jeu et celui que d'éventuels comparses pourront y consacrer. Plus que jamais, le plus dur est probablement de résister aux différentes sirènes qui viennent tinter aux oreilles des figurinistes. Picorer d'un jeu à l'autre reste possible pourvu que l'on ait une bourse bien fournie et du temps à foison, le plus sage reste cependant de se limiter à des choix raisonnés et pertinents qui garantiront une motivation pérenne pour les participants. Si vous êtes nombreux (via un club ou un groupe de joueurs motivés), une autre solution peut aussi être de laisser chaque joueur prendre la main sur un jeu différent, ce qui permet d'alterner les propositions et les parties. Les collectionneurs et les peintres invétérés auront peut-être moins ce problème en palliant le manque de parties par un temps plus long à consacrer à la partie hobby (le montage et la peinture d'une figurine)...
Des figurines sur un plateau... pour des possibilités nouvelles
Il est aussi une autre solution dont on reparlera : celle de mêler figurines et jeu de plateau...

3 commentaires:

  1. Je n'ai point ta sagesse alors j'aime vraiment beaucoup lire tes articles.
    Je n'applique absolument aucun des points abordés ici... Jusqu'à présent je me sers de l'excuse Ravage ^^'
    Mais force est de constater qu'on est quand même obligé de faire attention.

    Question subsidiaire : toutes les photos sont de ton fait et avec tes figurines ? Par exemple les photos de souris que je trouve top, d'où viennent elles ?

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    1. Merci ! C'est le temps qui m'a forcé/appris à injecter de la sagesse dans ma pratique du poussage de figs ;) A l'usage, avoir un peu de rigueur, n'empêche pas le plaisir et équilibre surtout le ration entre les figurines possédées et les figurines utiles.

      Seules deux photos ne sont pas celles de mes figurines, la table du début de l'article et la même bataille vue d'ailleurs avec les tours de siège. Elles ont été prises au salon Crisis en novembre dernier. L'accumulation de boîtes n'est pas de moi non plus (j'aurai pu en faire une similaire quoi que moins impressionnante avec des boîtes de provenance plus variée mais la flemme de tout enlever des étagères a été la plus forte, et celle-ci est efficace pour illustrer mon propos).
      Les souris sont de moi oui. Je m'en sers pour jouer avec les enfants. Ce sont des figurines Reaper, des mouslings (https://figzclub.blogspot.fr/2015/06/jouer-avec-des-enfants-episode-1-le.html).

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    2. Merci bien, je viens d'aller lire l'article sus-nommé ^^

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