vendredi 30 octobre 2015

Je lui lirai des Maudoux

Figurines représentées dans le tome 1 du spin off Funérailles de la série Freaks' Squeele
Le septième et dernier tome de la bande dessinée inclassable Freaks' Squeele sort ce 30 octobre dans toutes les bonnes librairies. Toute droit sortie de la tête d'un auteur aussi barré qu'il est un dessinateur talentueux, la série a donné lieu à plusieurs déclinaisons toutes aussi attachantes que le matériel originel. Qu'est-ce que ça a à voir avec la figurine ? L'auteur en question n'est autre que Florent Maudoux. Toujours rien ? Allez je vous aide... en images.
Concept de personnage du peuple Daïkinee pour le jeu Confrontation de Rackham
La carte de profil du personnage
Et la figurine.
Et oui, l'ami Maudoux, avant de se lancer dans sa vaste série perso officiait comme scribe pour le défunt Dragon Rouge de Rackham. Un passage qui visiblement va laisser des traces chez l'auteur, et l'emmener bien plus loin. Quelque peu démotivé par le passage au plastique pré peint, il quittera la boîte en 2007 avec dans la tête et sur un carnet la proposition ultra détaillée d'un univers perso dont presque personne ne voudra. Un temps en contact avec les éditions Dupuis, c'est l'accueil chaleureux et la carte blanche que lui laisse l'équipe d'Ankama (ok vous les connaissez peut-être plus pour Krosmaster que pour leurs bouquins mais franchement jetez un oeil, ils font du super boulot) qui le convraincront de tenter l'aventure sous leurs couleurs. De la couleur qui est pourtant absente des planches de Freaks' Squeele, comme pour mieux laisser place au trait énergique et au découpage audacieux de la série perso de monsieur Maudoux. Sept tomes donc qui trouvent leur conclusion (provisoire, que les amateurs soient rassurés, l'auteur indique clairement son envie de continuer à explorer l'univers qu'il a fait naître) dans un dernier album qui, à l'instar des autres épisodes, construit une narration multiple et un scénario qui multiplie les allers-retours.
Ebauche de planches pour un projet avorté chez Dupuis dont Florent Maudoux ne devait être que le dessinateur.
Dans le sillage de ses trois personnages principaux, Ombre de Loup, Xiong Mao et Chance d'Estaing, la bande dessinée emmène son lecteur à la découverte d'une étrange université destinée à former des super-héros (oui, ils existent, comme bien d'autres créatures et individus puisés aussi bien dans le folklore des films de gangsters orientaux que dans le manga, les jeux vidéos ou la vie quotidienne. Et c'est parce que Maudoux est bien le seul à être capable de mixer des personnages de Scènes de ménages, des robots géants, des mythes ancestraux et des tas d'autres références hétéroclites de la culture moderne qu'il est un auteur singulier. Sous d'autres plumes, ce récit d'un cursus universitaire et d'un passage vers le monde des adultes aurait pris bien d'autres formes, chez Maudoux, c'est un parcours initiatique coloré et nerveux qui ne laisse jamais son lecteur s'endormir dans un récit balisé. Ce n'est pas si courant de nos jours.
"à couper le squeele !" : un mauvais calage de typo et paf, la légende du squeele était née. Juste retour, une compil des articles de Nanarland, découvreur du squeele est parue au Label 619 chez Ankama.
Ok, c'est vrai, parfois les hauts et les bas de l'intrigue, des cercles de l'enfer à la fabrication de soldats cookies peut paraître un peu What the fuck, mais c'est aussi ce qui fait le charme de Freaks'Squeele et de ses spin offs : Maudoux y mêle tout, et ça fonctionne. Notamment grâce à un dessin hyper dynamique, mais qui peut aussi se révéler chiadé en diable quand il le faut (jetez un oeil sur la troisième histoire consacrée au personnage de Masiko dans l'album paru en début d'année, vous verrez de quoi il retourne. Maudoux c'est bon, mangez-en (oui, un jeu vidéo Call of Cookie décline en partie l'univers de Freaks'Squeele sur les écrans et met en scène des soldats de pain d'épice), et lisez des Maudoux, ça ne fait pas de mal, au contraire.
Masiko par Florent Maudoux. Une histoire en un dessin (magnifique) par page publié dans le recueil consacré au personnage en début d'année.
Et le rapport avec la figurine ? Ben outre que Florent Maudoux a bossé chez Rackham, qu'il n'est pas manchot et a pondu de bien belles choses (fouillez dans vos Cry Havoc, vous retrouverez sa patte ça et là), il aime la figurine. L'histrion créatif n'en parle pas souvent, mais ça transpire tellement de ses ouvrages que le lien né à "l'âge d'or du plomb" ainsi qu'il appelle la période qu'il a connu chez Rackham, reste fort. La preuve ? Elles sont nombreuses : d'abord, l'histoire des personnages biscuits nés d'un plan de conquête du monde, a donné lieu à l'édition d'un jeu de plateau en édition limité à l'époque par Ankama (avec des bustes des trois héros en guise de figurines) intitulé Chocafrix et sympa en diable qui confrontait Chance, Ombre et Xiong Mao à leurs créations et leur redoutable leader.
Chocafrix, jeu de plateau dispo avec l'édition collector du tome 4 et packagé comme une boîte de céréales. Un joli p'tit machin made in Ankama avec le design made in Maudoux. Très sympa, malgré un petit bug dans le livret de règles à l'époque.
Ensuite, dans le spin off Funérailles consacré au mystérieux manchot balafré (qui a dit The Blade de Tsui Hark ? ;)), l'un des personnages sculpte et moule une petite armée de fort jolies figurines pour émuler des batailles entre différents camps. L'auteur prend le temps de montrer la fabrication et l'usage des figurines qui ne sont pas que des éléments du décor.
Chez Maudoux, on joue aussi aux wargames.
Plus révélateur encore, le dernier tome A move et Z movie, disponible aujourd'hui dans toutes les bonnes librairies (ne commandez pas en ligne, allez dans une boutique et discutez avec les vendeurs, le monde du livre en a besoin), ne se contente pas de mettre en couverture une figurine dans la main de Xiong Mao, mais place la fabrication et la détention desdites figurines au coeur de son intrigue. Pas de spoiler mais l'auteur met dans la bouche de ses personnages des mots révélateurs au sujet de ces petits personnages idéaux pour créer des liens communs et des connexions à un imaginaire collectif et partagé. Un peu comme les ouvrages de Florent Maudoux en fait.
Et zou, Xiong Mao avec une fig dans la main en couverture de l'ultime tome. Bon ok, c'est pas forcément du 28mm mais l'intention reste la même. Remarquez le look d'Ombre, qui n'est pas sans rappeler Rackham (en même temps les rapprochements avec les wolfens sont assez facile avec ce personnage).
Au-delà de tout ça, pas besoin d'excuse pour vous lancer dans la lecture des 7 (pour Freaks'Squeele) + 3 (pour Rouge) + 1 (la compilation des aventures de Masiko) + 2 (les aventures de Funérailles) = 13 tomes qui explorent sous tous les angles l'univers de Florent Maudoux. Un univers singulier et original, pétri de références (scrutez les cases, elles sont 'très' nombreuses) créé grâce à la grande latitude d'un éditeur (Ankama) et d'un label (la maison 619, mené par Run, auteur de Mutafukaz dont on reparlera peut-être à l'occasion), un univers dont on pourrait sans doute tirer un formidable jeu de figurines ;) Ca me rappelle d'ailleurs que j'ai toujours un wolfen en chantier...

2 commentaires:

  1. Je souscris à 100% à tout çà je viens d'aller chercher mon exemplaire du tome 7 (avec couverture en édition limitée ^^). Découvrir cette série a été une vraie claque pour moi et c'est avec Lastman selon moi parmi les titres les plus novateurs et qui n'ont absolument rien à envier aux productions en dehors de l'hexagone.

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    1. La collector est superbe :) Le boulot fourni avec l'éditeur est vraiment sympa et Maudoux se prête bien au jeu sur ce genre d'éditions. Et l'univers déployé, parce qu'il ne se pose pas la question de ses limites est assez captivant.

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