mercredi 26 août 2015

A quoi on joue ? Age of Sigmar, "casual wargame"

"C'est la lutteuh finaleeee !" Sigmar le barbare élevé au rang divin sort enfin de sa cachette avec ses sbires armurés pour coller des torgnoles aux vilains Khorneux rouges et piquants. Quel pitch haletant !
La poussière retombe doucement sur Age of Sigmar, le nouveau jeu de Games Workshop venu remplacer Warhammer Battle et son Vieux Monde, tués par the End Times pour faire place à la nouveauté (ce n'est pas le débat du jour, on en a déjà parlé). La torpeur estivale a peu à peu emporté aussi bien les cris de colère des déçus que les hourras des amateurs conquis ou les soupirs ennuyés de ceux qui s'en moquent royalement. D'aucuns raillent le look des nouvelles figurines quand d'autres pleurent un système de points supposés leur permettre d'équilibrer leurs armées. Pour ma part, j'ai simplement sorti quelques figurines du placard pour tester sur une table la nouvelle proposition made by GW. Retour d'expérience.
Revenu à la vie une nouvelle fois, le personnage transcende les époques pour continuer sa quête sans fin dans l'Âge de  Sigmar : René... euh.... Nagash !

Petit note préliminaire, je ne parlerai pas ici des figurines, pas plus que du look des armées ou du background d'Age of Sigmar, mais simplement du système de jeu en lui-même.
Le premier point qui vient à l'esprit quand approche le moment de sélectionner les figurines élues pour s'affronter sur une table hâtivement dressée pour l'occasion, c'est que le long temps du décompte méticuleux des points pour optimiser au maximum une liste est désormais révolu.
Warhammer Age of Sigmar : maintenant, même les logos ont des piques et des flèches su chaos partout
Ce soir-là, c'est donc une force de l'Empire qui trouvera sur sa route une bande d'hommes-bêtes, gais comme des pinsons. Et pour cause : ils ont enfin une armée à jour (comme les Bretonniens, oubliés de la précédente édition des règles). En trois minutes, les figurines sont sorties de leur placard et disposées sur la table : il ne vous faut pas plus qu'un coup d'oeil et un instant de réflexion pour choisir vos troupes. Nul calcul compliqué ni parcours détaillé des multiples options possibles n'est plus nécessaire. En face, s'aligne une harde de mutants cornus choisis avec la même décontraction. A l'instar d'un jeu de plateau, il suffit de choisir son camp et de rassembler ses troupes pour commencer à jouer.
Choisir une armée : à peine plus long que de jeter un coup d'oeil dans le placard à figurines. Rhaaa mais c'est moche, les socles ne sont pas finis, les figurines peintes à la sauvette. Horreur ! Malheur !
La structure du jeu connaît peu de bouleversements : passée la disposition des décors (chacun disposant désormais d'une règle particulière), les dés sont lancés pour déterminer les déploiements. Là encore tout est assez aisé : quasiment pas de mesures compliquées, la table est découpée en espaces de taille équivalente et les unités déployées les unes après les autres. Commence alors la ronde des tours, aussi intuitive et simple que possible puisqu'elle consiste à alterner les actions des joueurs qui accomplissent toutes leurs actions avant de céder la place à leur opposant. Particularité, à chaque tour, l'initiative est déterminée par un jet de dé. Il est donc fort possible qu'un des protagonistes se retrouve à jouer en second plusieurs tours d'affilée, une incertitude qui ajoute de la tension narrative et du dynamisme à la bataille puisqu'elle oblige à réévaluer ses actions en permanence.
Les hommes-bêtes sortent des bois en ordre dispersé (on s'en fiche plus besoin de s'aligner en rectangle !). Un preyton de chez Forgeworld s'est même joint à eux. Son propriétaire doit le retenir : même sans peinture, il brûle de s'envoler pour assaillir les impériaux !
Dans l'ordre les différentes phases du tour s'enchaînent alors : phase des héros, phase de mouvement, phase de tir, phase de charge, phase de combat, phase de déroute. La phase des héros voit l'utilisation de la magie et des capacités spéciales des commandants et de certains personnages. Simplifiée, la magie se révèle de prime abord bien moins variée. Mais cette simplicité contribue elle aussi à accélérer le jeu et à donner de l'intérêt aux warscrolls de chaque unité qui proposent davantage de possibilités aux magiciens selon leur origine. Le mouvement se passe d'explication, tout comme le tir qui se voit toutefois renforcé par la possibilité de tirer au corps à corps également (là encore, cette possibilité accélère et mets du piment dans les combats). La charge ne nécessite plus de déclarer une cible et impose simplement de pouvoir s'approcher d'une cible à moins d'1/2 pas. Une fois cela fait, commence la phase de combat qui gagne aussi en punch avec l'activation alternée des combattants.

"Par le pouvoir du crâne ancestral, je détiens la force toute puissante !" 
Ben quoi ? Les skinks ont bien le droit de rêver aussi, non ?
Finie la longue attente des 80 jets de dés de votre adversaire en priant Ranald de vous filer un coup de main. Une fois que sa première unité a accompli ses attaques (et après les éventuels jets de sauvegarde de vos hommes), une de vos unités en combat (il suffit qu'elle soit dans les trois pas d'un adversaire, sans forcément avoir été chargée ou avoir elle-même chargé) peut réagir et attaquer à son tour. Plus besoin de comparer sur un tableau à double entrée les valeurs de combat des adversaires pour connaître les valeurs à atteindre : tout est simplifié, chaque figurine ayant une valeur à atteindre pour toucher et une autre pour blesser. Inutile de dire que les corps à corps ne s'éternisent plus d'autant qu'il est également possible de faire retraite en se retirant de la mêlée. Les affrontements se révèlent donc plus vifs et moins figés qu'au fil des précédentes itérations de Warhammer.
Ca joue vite, après une harde d'hommes-bêtes, les vaillants impériaux ont même le temps d'affronter des skinks en maraude. Les sagouins ne sont pas soclés, pour qu'on ne les pense pas prêts à se battre !
Moquées pour leur simplicité, les règles se révèlent suffisamment simples pour être appréhendées en quelques minutes tout en étant riches de possibilités une fois les armées sur la table. D'autant que, complétées par les warscrolls propres à chaque armée, elles se voient prolongées par des tas de petites options qui viennent ajouter des possibilités et des effets nouveaux en jeu pour singulariser les capacités de chaque unité (je mets de côté les règles invitant à fixer son adversaire dans les yeux ou à posséder une plus grande moustache, elles sont anecdotiques et pas plus ridicules que rigolotes si on joue entre potes). Complet sans être étouffant, Warhammer Age of Sigmar réussit à proposer aux joueurs une approche qui ne suppose pas la lecture et la digestion d'un épais livre de règles. Quelques minutes d'explications suffisent à jouer. Si l'expérience ludique risque de se révéler courte pour les acharnés du combo et de l'optimisation, elle se montre au contraire rafraîchissante pour les joueurs qui préfèrent une approche plus détendue du jeu et pour qui l'amusement vient de l'envie de jouer avec son adversaire plutôt que contre lui.
Tremblez clampins, les fils de l'orage sont sur vous ! Cela dit, on ne sait pas s'il y a des types dans les armures ou juste des "héros-ressuscités-pour-servir-la-gloire-de-Sigmar". J'ai toujours préféré La chair et le sang à Lancelot, premier chevalier de toute façon
Simple rapide, fun et varié, Age of Sigmar semble taillé pour des parties sur le pouce tout en laissant une belle place aux possibilités narratives. il est en effet simplissime d'esquisser un scénario autour de quelques objectifs et conditions de victoire. A ce titre, l'absence de valeur chiffrée censée représenter la force de chaque unité ne sera une gêne que pour les acharnés d'une recherche d'équilibre à tout crin (que la règle de l'initiative aléatoire invalide de toute façon). Ce qu'Age of Sigmar invite plutôt à faire c'est à discuter avec ses comparses et partenaires de jeu des envies ludiques de chacun avant de permettre à tout le monde de jouer rapidement et simplement. L'équilibre n'étant qu'une condition parfaitement superfétatoire de l'amusement. Les batailles les plus mémorables et les affrontements les plus épiques naissant souvent de conditions particulièrement tendues et de scénarios prenants.
Age of Sigmar, graal du joueur occasionnel ? Ca se pourrait ! (Sigmar version vieux monde)
Les amateurs de mouvements tactiques et de gros pavés d'unités ne s'y retrouveront pas (et ils feraient bien mieux d'aller voir du côte de la deuxième édition de Kings of War dont on parlera bientôt), Games Workshop ayant sciemment tourné le dos à ce qu'était Warhammer Battle jusqu'ici. Les groupes de joueurs plus occasionnels s'y retrouveront donc plus facilement (nul besoin de réinvestir dans une armée, vos collections de figurines sont largement réutilisables et aucun livre à racheter, règles et warscrolls sont en téléchargement gratuit), pas les amateurs d'une approche plus crunchy et exigeante du jeu. Mais dans le fond GW s'en fiche, tout ce que veut la firme anglaise c'est continuer à vendre des figurines. A ce titre, la simplicité d'AoS marque une réussite indéniable en ce qu'elle permet de lancer une partie en quelques minutes avec des wargameurs accomplis comme avec des novices complets. Quant à savoir si le nouveau design plus proche d'une approche vidéoludique séduira les masses, il faudra quelques mois avant de pouvoir en reparler...
Sigmar super saiyan : toujours barbu mais bien plus clinquant.  Par contre, il a paumé son marteau, le con !

XXXXXXXX

Les règles complètes d'Age of Sigmar
Le site de Games Workshop

3 commentaires:

  1. Pour être honnête me parti pris graphique est pas trop ma tasse de thé mais depuis que j'ai les règles j'aimerai bien les tester car pour les joueurs occasionnels comme moi ca peut être une bonne occasion de déconner vite fait. A voir donc?
    Merci pour cette review en tout cas.

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    1. La nouvelle orientation artistique n'est pas non plus ma tasse de thé. Vraiment pas. Mais il faut reconnaitre que le système d'AoS permet ce que ne permettait plus Battle : jouer rapidement même avec des non initiés. Pour ceux qui ont un entourage qui ne se compose pas que d'acharnés, qui jonglent avec beaucoup de systèmes ou qui jouent juste moins régulièrement, un système facile à prendre en main et pas dépourvu d'intérêt sur la table est plus que bienvenu. D'autant qu'en téléchargeant les règles et les warscrolls des armées, ceux qui (comme moi) n'ont pas vraiment l'intention de quitter le Vieux Monde ont de quoi jouer pour un bout de temps... gratuitement. De la part de GW, ce n'est pas si courant ;)

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