mardi 5 janvier 2016

Interview : Minus, conquérir le monde, une figurine à la fois

Arpenteur au long cours de l'interweb, sa présence numérique investit nombre de forums et sites consacré au hobby et à la figurine où son talent de peintre fait merveille. Le sieur Minus, prince du violet et de ses marches, a bien voulu répondre à quelques questions sur son parcours de joueur... et de peintre.
Tombé les deux pieds dans le jeu made by GW, il préfère aujourd'hui investir le champ des jeux d'escarmouche, pour lesquels il peint bien et beaucoup. Son blog, outre le ton léger et accueillant qu'il emploie, fourmille ainsi de figurines issues de nombreuses gammes, des plus connues aux moins réputées; offrant aussi aux curieux, un joli regard sur des univers variés et explorés avec talent et sans a priori par un joueur détendu, un peintre aguerri et un photographe talentueux.
Petit par le pinceau, l'homme (par ailleurs modeste), de façon sans doute moins tapageuse que d'autres hobbyistes, a su se faire un nom que l'on oublie guère. Un bonne nouvelle, tant sa démarche curieuse et décontractée prouve largement que loin de n'être qu'une affaire de champions, la peinture de figurines et le jeu (comme pas mal d'autres choses en fait) restent avant tout une affaire de passion et de persévérance. Je mouche ma bougie et je range ma plume pour laisser les images et les réponses de Minus parler pour lui.




Commençons par le commencement : ta rencontre avec les figurines, ça se passe quand et comment ?
Je me mets aux figurines à la fin des années 90. J'étais au lycée à l'époque, et j'avais des amis qui se connaissaient depuis le collège et qui s'étaient mis à jouer à Warhammer ensemble à l'époque. Les entendre raconter leurs parties me fascinait, et j'ai rejoint le mouvement un peu plus tard. C'était l'époque de la V3 de 40k, avec ses campagnes pour Armageddon, et surtout la sortie de Mordheim qui reste un des jeux auxquels j'ai le plus joué. J'ai encore les fiches de bande de l'époque.
Mais bien avant ça, j'étais déjà prédisposé à être public pour ce genre de chose. Je faisais de l'aéromodélisme, j'adorais dessiner et peindre, je dévorais les livres en général et notamment ceux dont on est le héros et j'étais accro aux jeux de société. J'avais de bonnes bases pour plonger dans la figurine, qui est au final une bonne synthèse de tout un tas de trucs que j'aime depuis toujours.

Un des Ultramarsouins peints par Minus. Il y en a un paquet d'autres et celui là ne présage pas forcément de l'évolution spectaculaire qui a suivi.
"Pour ce qui est de la peinture, à la base je détestais ça. Vraiment. Pour moi, peindre consistait à poser des aplats de couleurs, le plus vite possible"

Tu joues avec des amis, de la famille, en club ? La peinture fait tout de suite partie de ta démarche ?
Au départ, je jouais avec mon frère et mes amis du lycée. On se retrouvait les week-ends dans la salle à manger ou au sous-sol des maisons des parents des ou des autres. Depuis quelques temps, mais c'est assez récent, moins de deux ans, je fréquente le club des Nerviens à Seclin que j'ai découvert à l'occasion de leur Convention annuelle. J'y ai rencontré des gens supers, et je pense pouvoir dire que je m'y suis fait de bons amis.
Pour ce qui est de la peinture, à la base je détestais ça. Vraiment. Pour moi, peindre consistait à poser des aplats de couleurs, le plus vite possible. Déjà à l'époque je n'aimais pas jouer des figs non peintes. Mais je n'avais pas la même notion de ce que devait être une figurine peinte. Il faut dire aussi qu'à l'époque le net n'était pas omniprésent, on n'avait pas accès à certains produits super pratiques d'aujourd'hui, et pour les tutos on avait le choix entre les trucs hyper chiadés du White Dwarf qui me semblaient absolument hors d'atteinte, et ceux plus que basiques des codex. Je me rappelle encore du tuto du codex SM de l'époque. Y avait 4 étapes - ce qui était bien assez pour moi - mais bizarrement même en les suivant scrupuleusement on n'avait pas le même résultat que dans la galerie.
J'ai réellement eu envie de peindre correctement quand j'ai repris à la sortie de la V5 de 40k, en 2008. Et même là, au départ, je n'aimais pas ça. J'ai continué parce que j'ai vu qu'en y passant du temps, j'arrivais à sortir quelque chose de correct. Donc ça valait la peine de s'appliquer un peu.
Ce qui te motive dans un jeu, c'est plutôt l'univers, les règles ou l'ensemble ? L'ambiance prime sur la mécanique, est-ce qu'une mécanique imparfaite te convient si l'univers t'attire ou la qualité des règles prime-t-elle sur l'univers ?
Une bande de Nains pour Mordheim. De quoi faire trembler les explorateurs de la cité sur le Stir... Et une belle preuve qu'une unité de soclage peut donner une belle cohérence à des figurines variées.
Dans un premier temps, il faut que le jeu m'accroche. Ca se fera surtout sur les figs et ce qui les entoure, les illustrations, le background. Pas forcément dans le détail, mais plus le style, l'ambiance que tout ça dégage, parfois un dessin qui claque et un petit texte d'ambiance ça suffit à stimuler l'imaginaire. Dans la plupart des cas, quand je choisis un jeu, et même lorsque je choisis la faction que je vais jouer, je ne connais pas les règles et je ne connais rien à la faction, en dehors des figurines. C'est assez difficile à expliquer, alors je vais plutôt prendre des exemples.
Un des derniers jeux pour lequel j'ai commencé une faction est Warmachine. J'ai tout de suite accroché à la faction Convergence of Cyriss, parce que le style des robots m'inspirait. On dirait des robots ancestraux, qui peuvent se mettre en veille et se replier sur eux-mêmes. En tout cas c'est comme ça que je les imagine, alors je les ai peints à ma sauce, tout rouillés à la limite de l'épave, sentinelles abandonnées qui se ré-activeront à l'arrivée d'intrus. Eh bien à ce jour, je n'ai toujours pas lu la moindre ligne de règles, je ne connais pas le style de jeu spécifique à la faction, et je n'ai aucune idée de ce que raconte le background, que ça soit en général ou à leur sujet.

Dans le même style, j'ai assez vite flashé sur la faction des Gobelins de la RSSG pour Fury, avec leur look soviétique et leurs tronches de méchants de bandes dessinées. J'ai sauté le pas quand Whispe (le créateur du jeu) m'a dit qu'une sortie à venir était un gobelin qui chevauche un hamster de guerre. La fig n'existait pas encore, mais le look de la faction et le concept débile de war-hamster me parlaient très fort, alors j'ai choppé mon starter à la première occasion.
Et c'est un peu pareil pour tous les jeux, en fait.
Dans un second temps, j'aime bien que d'une part les figs soient sympa à peindre, et que le jeu soit agréable. Que les règles soient pas parfaites, c'est pas forcément grave en soi les règles ça se bidouille, par contre quand on passe la moitié du temps de jeu dans le bouquin de règles, ça a de plus en plus tendance à me saouler.
Donc si je résume : en premier lieu, l'ambiance. Tiens, d'ailleurs la preuve, c'est que l'histo ne m'intéresse absolument pas, alors que vu l'offre il y a forcément de très bons jeux dans le lot. Ajoute des zombies, des monstres et des canons laser, et là d'un coup je suis potentiellement client.

Avant, Minus peignait aussi du Battle. mais ça, c'était avant. Ici une jolie force d'elfes noirs et leur hydre partie d'un jouet en plastique.
Il t'arrive aussi de peindre des figurines pas spécialement destinées au jeu. Est-ce que jouer avec des figurines non peintes pose problème à un peintre comme toi ou, pour poser la question autrement, est-ce que le jeu est aussi un facteur de motivation pour la peinture ?
Je suis un joueur peintre. Ou un peintre joueur. Comme tu préfères ! Dans les faits je passe beaucoup plus de temps à peindre mes figs qu'à jouer avec. Mais c'est le jeu qui me motive. Sauf très rares cas, je ne peins pas de figurines qui ne soient pas pour jouer. Après, ce n'est pas parce que j'ai peint une fig que je jouerai forcément avec (ou en tout cas pas dans l'immédiat) pour différentes raisons, par exemple un profil peut ne pas coller à mon style de jeu, ne pas cadrer avec ma compo du moment. Mais dans l'absolu, je ne peins que des figurines que je peux potentiellement jouer, sinon ça ne m'intéresse pas. D'ailleurs, quand je ne joue plus pendant trop longtemps à un jeu, ma motivation à en peindre baisse fortement en général. Ca implique aussi que les figs "one shot", c'est un truc que je ne fais pas, et que mes socles doivent être jouables, accordés entre mes figs et adaptés aux tables de jeu correspondantes.
Pas de jaloux : Minus peint aussi du décor. ici, une baraque à frites. A Ifrit, même.
Et du coup, je ne joue depuis un bon moment plus aucune figurine non peinte. Ca doit bien arriver très exceptionnellement, mais dans l'ensemble je m'arrange pour ne jamais poser une fig qui ne soit pas finie sur la table. Et j'ai le bonheur d'avoir rencontré des joueurs qui font pareil. Ben jouer tout en couleur, ça a tout de suite vachement plus de gueule.
L'avantage, c'est que du coup chaque occasion de jeu (soirée, tournoi...) est un prétexte et une motivation pour peindre un truc nouveau. L'inconvénient, c'est que tant que je n'ai pas une force peinte... ben je ne peux pas me lancer dans un nouveau jeu. Héhé.

"Je peins un peu quand je peux. Je peux parfois me faire d'assez longues sessions de peinture d'une traite, mais en général j'ai un rythme assez haché. (...) En fragmentant ainsi le temps de peinture, je trouve ça beaucoup moins fatigant que de se cogner des sessions de quatre heures, et c'est plus facile à caser dans le planning de la semaine"
Outre la peinture de jeu, Minus se fait aussi pliasir sur des projets personnels ou des petits concours à thème, comme ici avec ce Cadien flashy, dans l'ombre de Slaanesh.
La peinture, justement, c'est un boulot régulier ou des grosses sessions réparties quand tu le peux ? Tu t'organises comment pour construire ton temps de peinture ?
Je peins un peu quand je peux. Je peux parfois me faire d'assez longues sessions de peinture d'une traite, mais en général j'ai un rythme assez haché. Je vais passer des aplats, puis m'arrêter. Quand j'aurai dix minutes, je poserai des lavis, qui sécheront tranquillement pendant que je fais autre chose. Si à un moment donné j'ai juste deux ou trois minutes mais que j'ai envie d'avancer quand même, je peux peindre le socle par exemple. En fragmentant ainsi le temps de peinture, je trouve ça beaucoup moins fatigant que de se cogner des sessions de quatre heures, et c'est plus facile à caser dans le planning de la semaine.
En y réfléchissant, peindre du jeu d'escarmouche aide bien aussi à adopter ce mode de fonctionnement. Quand je peins de l'escouade ou du régiment, le processus est un peu plus rigoureux, il faut garder une certaine cohérence pour ne pas perdre de temps. Quand je peins de la figurine individuelle, je peins plus au feeling, dans l'ordre où ça vient. Je peux donc plus facilement aller juste peindre quelques minutes par ci par là en fonction du temps que j'ai devant moi.

Tu es du genre à beaucoup réfléchir en amont ou est-ce que tu improvises une fois devant ta figurine ? 
Pour ce qui est de la phase "pré-barbouille", j'ai tendance à bien me prendre la tête. Je peux être très long à me décider pour un schéma de couleurs. Le but n'est pas forcément de trouver un schéma qui fasse l'unanimité, mais de peindre quelque chose qui me plaise et qui me parle. Souvent, quand je commence à me faire une idée de ce vers quoi je vais aller, je fais des essais d'associations de couleurs sur une feuille de papier, pour valider mes choix. Le choix du schéma est une étape qui me fait souvent râler, mais en fait j'adore ça. J'aime ce moment où mon idée est retranscrite sur la figurine et que je vois que ça fonctionne.
EDEN, ton univers impitoya-able et son Ifrit (qui pique ceux qui s'y frottent)... Eprouvée sur d'autres figurines du m'sieur, l'effet tâches claires sur la peau un peu façon écailles offre ici un rendu saisissant. 
Pourquoi cet inconditionnel amour du violet ? Une spécialisation ou un vrai coup de coeur pour une teinte ?
Bon, les mauvaises langues diront que je peins tout en violet, mais c'est faux. J'avoue que j'ai un léger penchant pour cette couleur. J'ai toujours aimé le violet, en fait. Je ne sais pas d'où ça vient.
Par contre je peux te dire que le déclic pour peindre des figurines en utilisant cette couleur me vient des travaux de Salgin. Il postait à l'époque des photos de son armée de Chevaliers Gris pour 40k qu'il peignait en blanc et en rose.
Les Chevaliers Gris de Salgin, qui ne sont pas gris, mais rose et blanc en effet. Et du plus bel effet :)
Et moi je trouvais ça super classe. Du coup j'ai tenté le coup, et j'en ai tiré deux conclusions : d'une j'aimais bien le résultat, et de deux cette couleur est pas facile à peindre (si si, essayez). On part très facilement dans des tons roses ou des teintes laiteuses dès lors qu'on l'éclaircit. Du coup, j'ai eu envie d'en peindre un peu sous toutes les formes pour bosser ma peinture parce que je trouvais ça intéressant.
Du coup on a retrouvé du violet sur pas mal de mes figurines, et les copains ont fait le reste en se moquant gentiment.

"Dans tous les cas, je préfère jouer un truc qui me plaît, ça va pouvoir être le visuel, le thème, ou juste parce que je veux intégrer les derniers trucs peints, plutôt que la liste "trotro forte" qui ramone tout, ce qui n'a aucun intérêt pour moi. Je préfère avoir une partie rigolote, intéressante, et la perdre, que gagner une partie à sens unique et chiante au possible"

Tu planifies autant ta stratégie de jeu que ta peinture ou est-ce que tu es plutôt du genre à jouer 'à la cool' ? Ce qui prime, c'est la victoire ou le plaisir du jeu ?
Hmm, pas facile celle-là. J'aime les deux je dirais. A la fois je peux jouer juste "comme ça" en papotant et sans trop réfléchir, juste histoire de rigoler. Un peu comme si on se tournait une scène de film d'action avec nos pitous. Et je peux aussi jouer de façon plus concentrée, avec pour objectif de gagner. Ca va dépendre du jeu, du contexte, de la personne avec qui je joue.
Dans tous les cas, je préfère jouer un truc qui me plaît, ça va pouvoir être le visuel, le thème, ou juste parce que je veux intégrer les derniers trucs peints, plutôt que la liste "trotro forte" qui ramone tout, ce qui n'a aucun intérêt pour moi. Je préfère avoir une partie rigolote, intéressante, et la perdre, que gagner une partie à sens unique et chiante au possible. Et puis j'essaie d'être un joueur agréable et de rester fair-play, mais là faudra interviewer mes copains pour savoir si j'y arrive.
Après, dans mon groupe de joueurs dès lors qu'on a des dés entre les mains on a tendance à défier toutes les lois de probabilité. On est tous des poissards. Du coup, avec le temps ça aide à pas trop prendre au sérieux le fait de gagner ou de perdre. Et puis on joue à trop de jeux pour pouvoir prétendre être vraiment bon dans ne serait-ce que l'un d'entre eux !

J'ai vu passer sous tes pinceaux des choses aussi diverses que du Battlefleet Gothic ou du Dystopian Wars : tu aimes aussi varier les échelles, à la fois pour la peinture et pour le jeu ?
En fait non, je suis plutôt fidèle aux figurines de dimensions "standard". Question d'habitude sans doute, c'est par là que j'ai commencé. C'est aussi une échelle qui permet de se faire plaisir sur la peinture tout en gardant une taille raisonnable. Quand je vois des joueurs aligner des armées en 15mm par exemple, c'est vrai que ça en jette, on a vraiment un rendu de masse impressionnant. Mais pour moi c'est trop petit, peindre ça me rendrait dingue je pense.
Les deux seules exceptions sont celles que tu cites dans ta question. J'ai une flotte pour BFG parce que je suis tombé amoureux de l'illustration de la boîte de ce jeu dès sa sortie. Il y a quelque chose de majestueux dans ces immenses vaisseaux, avec les proues démesurées. Du coup, dès que j'ai eu un prétexte, je me suis lancé.
Pour Dystopian Wars, un copain m'a donné un char pour que je le peigne. J'en ai profité pour tester des nouvelles techniques dessus. Ça a été un exercice intéressant, et la peinture de ce véhicule a été très agréable. Maintenant, je ne pense pas forcément me lancer dans un jeu à cette échelle, ne serait-ce que parce que j'ai déjà bien assez à faire comme ça. 

"Le format escarmouche est bien plus adapté à un mode de jeu "nomade". Dans un sac à dos, on peut embarquer tout le nécessaire pour faire jouer quatre personnes, nappes et décors compris.
Du coup, je m'y retrouve plus. Les règles sont plus intéressantes, les parties plus tactiques et plus nerveuses. On peut enchaîner deux parties dans la soirée si on est un peu motivés. Ca m'a même redonné le goût des tournois au point d'en organiser moi-même"

Tu as une préférence pour une ambiance, un genre (post-apo, med-fan, futuriste..) ?
Au niveau des univers, j'aime principalement deux choses : la science-fiction, et le post-apo. Pas uniquement pour les figs d'ailleurs, mais aussi pour les romans, les films, les bandes-dessinées...
J'aime les projections que peuvent faire des auteurs de notre propre univers dans un futur plus ou moins lointain, plus ou moins radieux, et voir ce qu'ils arrivent à en tirer. En plus, chacun à leur façon la science-fiction et le post-apo sont deux cadres dans lesquels à peu près tout est possible. Je trouve ça très stimulant pour l'imaginaire. Ca me fascine.

Une bande de Résistants pour EDEN, avec des jolis choix de peinture et un vrai travail de cohérence. Ce qu'il y a de bien avec Minus, c'est que vous pouvez compter sur lui pour sortir des schémas de couleurs habituels.
De 40K en passant par Battle, on a vu (via tes sujets parlant de ta peinture) ton intérêt glisser vers EDEN ou Fury. Ca veut dire que du gros jeu de masse façon GW tu te retrouves maintenant plus dans des jeux d'escarmouche 'à la française' ?
Oui, joueur de 40k et de Warhammer à la base, j'ai progressivement basculé vers l'escarmouche jusqu'à ne plus jouer quasiment qu'à ça. Les raisons sont multiples. D'un côté, on a une évolution des deux jeux de bataille qui ont pris des directions qui ne me plaisent pas, ce qui a entraîné chez moi une certaine lassitude. De l'autre côté, mon cadre de jeu a également évolué. Là où avant je jouais chez moi ou chez un copain de temps en temps, aujourd'hui je joue souvent au club des Nerviens dont je t'ai parlé. Le format escarmouche est bien plus adapté à un mode de jeu "nomade". Dans un sac à dos, on peut embarquer tout le nécessaire pour faire jouer 4 personnes, nappes et décors compris.
Du coup, je m'y retrouve plus. Les règles sont plus intéressantes, les parties plus tactiques et plus nerveuses. On peut enchaîner deux parties dans la soirée si on est un peu motivés. Ca m'a même redonné le goût des tournois au point d'en organiser moi-même. Et je ne te parle même pas de la peinture. Quand tu joues en escarmouche, tu ne peins que des personnages uniques, tu peux vraiment te faire plaisir si tu en as envie et avoir une force jouable. Et puis si tu veux commencer un nouveau jeu ou une nouvelle faction, ça peut aller assez vite.

Cet intérêt pour le post-apo, c'est ce qui t'amène à prêter main forte à Esprit sur Red Button's Nation ? Le design d'un jeu te titillait-il auparavant ? Comment se passe le travail sur RBN justement ?
Red Button's Nation, c'est en premier lieu une idée d'Esprit. Esprit, c'est le genre de mec qui a un projet par jour. Un soir, pendant une partie au club, il me dit qu'il a envie d'inventer des règles pour un jeu. Je lui demande des détails, il me dit qu'il veut faire un jeu post-apo. Et comme moi j'adore ça, je lui dis de me montrer ce que ça donne quand il aura un peu avancé dessus. Et ça n'a pas traîné, très vite on se retrouvait à faire les premiers tests. Comme l'univers m'emballait, et que les premiers tests étaient prometteurs, je l'ai naturellement aidé. Je ne crois pas qu'il ait demandé, ça s'est fait comme ça. C'était pas vraiment une volonté de ma part de créer un jeu, mais comme c'était intéressant et que ça m'amusait, je m'y suis mis. Plus tard LiXa nous a rejoint de la même façon.
Minus, autoportrait. Un avatar mercenaire perso peint pour Red Button's Nation. Avec du violet, forcément :)
La répartition des tâches est très simple. Esprit se tape 90% du boulot, c'est lui qui imagine les règles puis les rédige, et moi je suis le bêta testeur de première ligne. Je vais chez lui, on joue, et je lui dis tout ce que j'en ai pensé. Ce que j'ai aimé, ce qui pourrait être amélioré, ce qui ne sert à rien. Lui derrière il fait le tri, corrige, et quand il est prêt il me rappelle pour un test. En gros... il m'oblige à jouer. Ça va, c'est pas trop désagréable comme activité.
En parallèle, je l'aide sur d'autres postes où je me débrouille. Je lui ai donc fait des relectures pour dégager le plus possible de fautes - en espérant qu'il n'en reste pas trop à la fin - et je lui fais des photos pour illustrer le bouquin. Là dernièrement je suis en train de peindre ma propre bande, avec pour objectif d'avancer assez vite pour intégrer mes figurines dans le pdf. Ah, j'ai écrit quelques petits textes d'ambiance aussi, pour agrémenter la lecture.

Dans le travail autour d'une fig, qu'est-ce qui te motive le moins ?
La préparation, sans hésiter ! Parce que c'est une étape que je trouve chiante au possible, déjà. Sérieusement, qui aime ébavurer une fig ou se galérer à coller deux pièces ensemble ? Et puis aussi parce que c'est le genre d'étape fourbe. Si c'est bien fait, personne ne viendra jamais te complimenter dessus. Par contre, le moindre raté peut ruiner le rendu final (on a tous déjà découvert des défaut de montage alors qu'on était au milieu de la peinture de la pièce, hein). Bref, j'aime pas.

"J'ai surtout envie de continuer à m'amuser, et si au passage je peux m'améliorer c'est top"

Quel est ton secret pour rester motivé au fil d'un projet ?
Ce qui me motive tient avant tout à deux choses. Le jeu tout d'abord. Comme je ne joue que peint, finir de peindre une fig ou un décor signifie que je pourrai jouer avec prochainement. C'est une bonne source de motivation, se dire qu'on va jouer tel truc le week-end suivant, et tout faire pour le finir dans les temps est un bon moyen d'avancer.
Et puis les commentaires, aussi bien sur le net qu'en vrai. Même si dans le second cas, en général je ne sais pas trop quoi répondre quand on me complimente, soyez sûr que ça fait toujours plaisir.
Après y a pas que ça, la motivation peut venir de plein de choses : voir ce que d'autres ont fait, réduire le stock de figs grises, finir le truc en cours pour pouvoir vite commencer un autre projet dont on vient d'avoir l'idée, l'envie de progresser, etc.
Les skavens violets recette Minus. Là encore : une palette restreinte et maîtrisée, un soclage hyper cohérent et paf, une bande qui a de la gueule. Et un peintre qui sait photographier ses figs, mine de rien, ça compte :)
Un conseil pour quelqu'un qui débuterait dans la peinture ? Ton blog reprend un article qui compile explications et exemples de peinture : c'est important pour toi cette transmission ?
Un conseil ? Diluez votre peinture ! Sinon, y en a plein : peindre régulièrement, se faire plaisir, tester des trucs.
Pour des conseils plus concrets, il y a effectivement plusieurs tutoriels sur mon blog, le plus consulté étant mon "tuto pour les nuls". Je l'ai écrit quand j'étais modérateur de la section modélisme sur le WarFo, parce que je voyais sans cesse repasser les mêmes questions des débutants. Ca revenait cycliquement, et au bout d'un moment ça m'a un peu fatigué de répondre toujours la même chose et de devoir retourner chercher sur le web/les forums/mon disque dur les exemples et les liens qui montraient ou expliquaient ce que j'étais en train de raconter. Du coup, j'ai noté les questions les plus récurrentes, et tout compilé en un gros tutoriel vers lequel je renvoie les gens depuis. Il n'a pas la prétention d'être complet ni très pointu, mais il aborde vraiment les bases, j'espère qu'il aide les débutants. Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à le partager.
J'aime cet aspect de notre passion. Si c'était juste pour peindre chacun dans son coin, on ne s'embêterait pas à poster sur le net. J'ai énormément appris en lisant les sujets ou les blogs d'autres gens, et en leur posant directement des questions. La plupart des peintres sont assez accessibles en fait, c'est très agréable. Je continue d'ailleurs à apprendre plein de choses en regardant ce que font les autres. Et si je peux moi aussi aider à mon niveau, c'est avec plaisir.

"C'est tout con, mais moi j'aime bien"

Tu t'es lancé dans l'aventure du blog voilà quelques mois, tout en restant présent sur de nombreux forums. A quelles fins ? Regrouper tes travaux ? Avoir un endroit rien qu'à toi pour partager tes pérégrinations de figuriniste ?
Je me suis rendu compte que selon les forums, je ne postais pas toujours la même chose. Du coup, parfois je ne m'y retrouvais pas moi-même. Ca n'a pas changé, mais le blog me permet de centraliser une bonne partie de ce que je fais, notamment les projets finis, les photos de parties et les tutoriels. Les travaux en cours restent pour le moment cantonnés aux forums et à Facebook. Si quelqu'un veut suivre l'essentiel de mes travaux, mon blog est l'endroit parfait pour lui.
Avoir mon propre blog a aussi d'autres avantages. Premièrement, je peux y raconter ce que je veux et si demain je décide de parler de chatons ou de renards, je peux. Bon, c'est pas prévu, hein, mais on ne sait jamais. Concrètement, je peux par exemple parler de RBN comme je veux sans avoir à me demander si c'est en accord avec la charte du forum ou si je fais de la pub sans avoir le droit. Deuxièmement, j'ai mis la liste des blogs que je consulte régulièrement dessus, et cette liste se met à jour à chaque nouvel article posté. Moi qui ratais souvent des choses, je me tiens plus facilement à jour comme ça. C'est tout con, mais moi j'aime bien.
Des Yétis sauce Fury. Ceux qui achètent encore Ravage (on se demande bien pourquoi !) pourront retrouver les protagonistes (et les gobelins de Minus) dans l'article du mag' consacré à Fury.
Y a-t-il a des choses que tu n'as pas encore faites en modélisme et dans lesquels tu voudrais te plonger un jour ? Un projet particulier, une technique, un type de figurine ?
Des choses que je n'ai pas faites, il y en a plein ! Ca vient comme ça vient, je ne fais pas de plans, mes projets se montent, se reportent, se décalent selon les envies et les opportunités. J'ai surtout envie de continuer à m'amuser, et si au passage je peux m'améliorer c'est top.


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Merci à Minus pour cette interview au long cours. Désolé pour le temps de mise en ligne si long, j'ai été pas mal happé par la Vraie Vie ces temps-ci.
Le blog de Minus
Le thread de Minus sur le forum Warmania.
Le thread de Minus sur le Warhammer Forum.
La galerie Dakkadakka de Minus
Comme pour d'autres interviews, il faut forcément faire des choix visuels, forcément subjectifs et pas toujours représentatifs de l'étendue du travail de Minus, je vous engage donc à parcourir ces liens pour avoir une meilleure idée de son travail.

4 commentaires:

  1. Véritable découverte pour ma part et voici un blog que je rajoute à ma liste avec plaisir !

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    1. Fais toi plaisir : outre la jolie peinture, les récits de partie et autres conseils techniques sont très sympas !

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  2. Niveau mentalité, c'est vraiment un grand monsieur ce Minus.

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    1. On est d'accord là dessus. Il gagne à être connu le bougre.

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